de suite sur les côtes d’Angleterre, en 1909, et qui s’évanouissait dans l’ombre… C’est insensé ; mais n’est-il pas effroyable que des suppositions aussi monstrueuses puissent naître au sujet de…
Moi. — Avez-vous réfléchi que si l’enlèvement s’est accompli pendant la nuit, les ravisseurs ont pu s’approcher sans être vus ?
Robert. — Il s’est accompli pendant le jour. On ne monte pas au Colombier quand il fait noir ; et puis, nos trois amis n’auraient pas laissé leurs parents dans l’inquiétude.
Moi. — En effet. On ne sait plus que penser. Il est temps de conclure. Monsieur Garan, que décidons-nous ?
Garan. — Oh ! moi, je ne veux plus rien dire.
Moi. — Soit. Et vous, Robert ?
Robert. — Je ne puis rien dire, mon cher maître… Rien encore, du moins.
Garan, entre ses dents. — Je te crois…
Moi, vivement. — Et vous, monsieur Tiburce ?
Tiburce. — Hatkins ! Hatkins !
Calixte. — Bravo ! (Exclamations indignées.)
Tiburce. — Eh ! quoi ? Avant tout, cherchons des explications simples, possibles, naturelles. Ne sortons pas du naturel ! (Citant :) « J’ai depuis longtemps pour principe que quand vous avez exclu l’impossible, ce qui reste, quelque improbable que ce soit, est pourtant la vérité. » Or « ce qui reste », à mon avis, c’est l’hypothèse brigands et l’hypothèse Hatkins. Et cette dernière, étant la moins compliquée, doit être la bonne.
Robert. — L’« impossible »… Quel homme pourrait savoir ce qui est impossible ? — et ce qui est naturel ?…
Mme Arquedouve. — Pour ma part, je suis avec M. Robert. Je sens qu’il a médité de toute la force de son savoir.
Lucie, à bout de patience. — Et moi je veux qu’on me rende ma fille ! Je veux ! je veux !…
Moi. — Que fait-on, enfin ? Que fait-on ?
Tiburce, feuilletant un indicateur. — Je pars aux trousses de Hatkins ! Il y a un paquebot demain soir. Demain matin je vous quitterai.
Garan. — Nous partirons ensemble ; je me désintéresse de tout ceci. Je rentre à Paris.
Moi. — Robert, Maxime, qu’allez-vous faire ?
Robert. — Penser.
Maxime. — Attendre. Attendre la sommation des corsaires.
Moi. — Et vous, monsieur d’Agnès ?
M. d’Agnès. — Je vais me mettre, avec mon ingénieur, à construire des aéroplanes aussi vites et aussi stables