ajouta : « Dites donc, monsieur Maxime, tout de même, réfléchissez : quand il s’agit d’animaux et d’êtres humains, les Sarvants ne sont pas très difficiles non plus sous le rapport de la qualité, voyons ? Ils raflent n’importe quelle femme, un homme quelconque, le premier chat venu et des tas de lapins sans valeur, sauf des exceptions qui semblent dues au hasard… Avouez-le. C’est bien cela que vous pensez, en y réfléchissant ? C’est bien cela ? »
— « Oui, c’est juste », confessa l’incrédule après un instant.
— « Eh bien… » reprit Robert d’un ton presque joyeux. « Eh bien… »
— « Quoi, à la fin ? »
— « Il se pourrait que vous fussiez dans l’erreur, voilà tout. »
Et il coupa court à toute insistance en quittant ses compagnons. Il pria M. Le Tellier de l’excuser s’il ne rentrait pas à l’heure du déjeuner, et descendit vers Artemare.
Le père et le fils reprirent le chemin de Mirastel.
— « Pourvu qu’il ne fasse pas d’imprudences ! » murmura l’astronome.
— « Il est buté », fit Maxime. « Impénétrable et buté. Mais brave ! Ce n’est pas la première fois qu’il s’en va tout seul… Je le sais. Il s’échappe à la dérobée… »
— « Il donnerait son sang pour retrouver Marie-Thérèse… »
— « Elle vaut cela », marmonna Maxime. « Elle vaut le sang d’un duc ! »
— « C’est égal, » reprit M. Le Tellier sans relever le propos, « je souhaiterais qu’il fût déjà rentré… Et puis, j’aurais voulu le consulter relativement au phare… »
— « Le phare ? Ce qu’il faut en faire ? Tout simple : démonter le projecteur et l’installer, lui avec l’autre, à Machuraz. Excepté au début de leur campagne, vos loustics ne sont jamais revenus dans les mêmes localités ; ils ne reviendront pas à Mirastel. Mais ils n’ont pas encore taquiné Machuraz ; il faut demander aux châtelains la permission d’y loger notre feu. — Allons-y tout de suite. »
Ainsi fut fait.