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le péril bleu

— « Mais pourquoi ? pourquoi ces enlèvements ? » faisait Mme Le Tellier en se prenant la tête.

— « Et quel est le sort des prisonniers ? » — C’était Maxime, aujourd’hui, qui gémissait cela !

— « Et où sont-ils ? » ajouta Mme Arquedouve.

Son gendre hasarda, sans perdre de vue les traits de Robert :

— « Oh ! ils ne doivent pas être fort loin : sans doute dans quelque retraite des Alpes ou du Jura. L’exiguïté relative de la zone hantée paraît démontrer que les Sarvants ne s’éloignent pas du Bugey. »

— « Il faudrait y aller ! » dit l’aveugle.

— « Mais comment les dépister ? Ils sont insaisissables, fugaces ; on ne les entend presque pas… »

— « Écoutez ! Écoutez ! » s’écria Maxime, hagard. « Le bourdonnement ! »

Un même frisson courut le long de tous les dos.

— « Mon pauvre enfant ! » dit la grand’mère. « C’est un frelon que tu entends par la fenêtre ouverte. »

Mme Le Tellier, de son mouchoir, épongeait le front de Maxime.

— « Je vous en conjure, » implora celui-ci, « parlons un peu d’autre chose. Il est impossible de rester les nerfs tendus… »

— « Il faudrait y aller ! » répétait le secrétaire comme dans un songe et marchant avec furie.

Mme Le Tellier le réveilla et l’arrêta net, en déclarant :

— « Nul doute qu’avec ses aéroplanes, M. d’Agnès ne puisse surprendre et poursuivre ces bandits jusqu’à l’entrée de leur caverne ou de leur forteresse ! Nous venons de recevoir une lettre de lui, et… »

— « C’est vrai ! » fit l’astronome avec une feinte jovialité. « Il y a même dans sa lettre une dépêche inénarrable de ce M. Tiburce…

» Tiens, lis ça, mon garçon. Ça te changera les idées. Ma parole ! ce M. Tiburce est le Nigaudinos le plus nigaud de toute la nigauderie ! »

Maxime lut :