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suite du journal

invi- Mais oui ! Mais oui ! c’est cela ! C’est pourquoi les êtres superaériens, dits Sarvants, n’osent pas s’aventurer avec leur engin ailleurs qu’en Bugey, — le Bugey qui se trouve évidemment sous cette mer unique, — le Bugey qui est le fond de leur lac !Ils auraient peur de se perdre et de remonter sous leur continent, et d’étouffer faute de vide, eux pour qui le vide est aussi indispensable que l’air aux hommes et l’eau aux poissons !…

Car ces gens-là ont inventé une façon de cloche à plongeur, ou plutôt une espèce de sous-marin. Eh ! voici le mot : un sous-aérien ! qui leur permet de faire la prospection du fond de leur mer et d’en visiter les plaines inconnues. Ils font de l’océanographie à leur manière. Un invisible prince Albert les gouverne peut-être, et c’est peut-être lui qui se monte un joli petit muséum d’océanographie avec les bêtes des grands fonds, à l’instar de Monaco !…

Le cylindre que j’ai vu blanc de givre, en montant, c’est le vivier d’air où l’on entrepose les bêtes pêchées ; ce n’est qu’une pièce de ce sous-aérien qui, lui, a la forme d’un cigare, comme nos propres submersibles, comme aussi nos dirigeables ! C’est lui que Maxime a vu dans le brouillard, ou du moins, c’est l’espace que l’étrange bateau-ballon remplissait dans le brouillard et qui apparaissait si confusément qu’on voyait les choses à travers, — ce que Maxime mettait sur le compte de la vitesse !… C’est encore lui — le sous-aérien — que nous avons vu dans le nuage (et pour les mêmes raisons) le jour où nous avons cru voir son ombre immobile !…

J’y suis ! j’y suis ! Il est « plein de vide » ce bateau, si l’on peut s’exprimer ainsi. Voilà pourquoi il flotte si bien dans l’air, tel dans l’eau un bateau plein d’air ! Il est muni d’« airballasts » au lieu de « waterballasts », pour descendre ou remonter !… Le vide ! c’est à-dire ce qu’il y a de plus léger au monde, — le zéro