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fin du journal

§ Encore et toujours des ballons. « Un ballon c’est une bouée », disait Nadar. Jamais cela ne m’a paru si vrai. — Ils ne peuvent faire que de bien petits bonds vers nous ! Mais cela ne prouve-t-il pas que l’aérarium a été signalé !

Midi. — Certaines bêtes, maintenant, sont deux à deux ; les Sarvants font des expériences d’accouplement. Ils ont différencié les sexes, mais ils se trompent encore pour les races. Ainsi, ils viennent de mettre une renarde avec un loup, qui s’est empressé de la croquer. Les malheureux carnivores sont au régime végétarien, et le loup n’était pas fâché de ce petit extra. Voilà qui a dû étonner les biologistes invisibles !

2 heures. — Vu Floflo, le loulou de Mme Arquedouve. Il a l’air de se bien porter.

3 heures. — Révoltant ! Les Invisibles nous traitent comme les bêtes ! Il y a maintenant des cellules habitées par des couples humains qu’ils ont appareillés !… Les prisonniers ainsi réunis causent entre eux tristement, mais on voit bien que la faculté de pouvoir parler de leur détresse en diminue l’amertume. Par malheur, il y a des fous, et les Sarvants me paraissent incapables de comprendre la folie et les dangers qu’elle peut faire courir à qui s’en approche…

§ Ces mariages singuliers se multiplient. C’est évidemment la robe et le pantalon qui servent de base aux doctes expérimentateurs pour déterminer le féminin et le masculin ; n’ont-ils pas accouplé Maxime avec un vénérable curé en soutane ! — Maxime et le prêtre conversent d’une façon très animée.

4 heures 20. — Les Sarvants ont mis Mme Fabienne Monbardeau avec Raflin, son ancien amoureux ! Coïncidence inouïe !… L’infortuné Raflin a perdu sa robe de chambre, — sans quoi, je pense, on l’aurait pris pour une dame. Il est en caleçon et fait peur à voir, si lugubre et squelettique. Il ne s’occupe de sa compagne que pour tâcher de lui prendre