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viii

Tiburce



Tiburce s’efforça d’atteindre le comble du flegme et de lorgner son interlocuteur bien en face.

— « Je dis que je suis sherlockiste », répéta-t-il. — Mais alors il devint si rouge que ses lèvres disparurent dans l’embrasement de tout son visage… « Sherlockiste ou holmesien, si vous préférez ; comme on dit carliste ou garibaldien. »

À cette minute, M. Garan figurait assez heureusement l’ironie, M. d’Agnès la contrariété, et M. Le Tellier l’incompréhension. Ce que voyant, Tiburce reprit :

— « Enfin, monsieur, vous avez bien entendu parler de Sherlock Holmes ? »

— « Euh… Serait-ce un parent de cette Augusta Holmès qui faisait de la musique ? »

— « Nullement. Sherlock Holmes est un virtuose, mais un virtuose détective. C’est un policier de génie, dont sir Arthur Conan Doyle a raconté les exploits fantaisistes… »

— « Eh ! monsieur, à l’heure où nous sommes, au diable les romans ! et foin de votre Shylock Hermès ! »

— « Sherlock, » rectifia Tiburce, « Sherlock Holmes. » Et il poursuivit sans trop s’émouvoir : « Eh bien, monsieur, moi je suis l’émule vivant de ce héros imaginaire, et j’applique aux difficultés de la vie réelle sa méthode incomparable. »

Le duc d’Agnès, apercevant que M. Le Tellier s’agaçait de plus en plus, hasarda timidement :