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ix

À la Cime du Colombier



Aux instants critiques, chaque nouveau venu paraît un sauveur. Les femmes et le docteur Monbardeau accueillirent MM. d’Agnès, Tiburce et Garan comme une trinité de messies. Et il ne faut pas douter que Maxime et Robert eussent partagé leur sentiment, si le premier n’avait été confondu de voir en cette affaire son ancien condisciple, Tiburce le simple, et si la présence du duc d’Agnès avait pu exciter dans l’esprit de Robert autre chose que de la jalousie.

Sur l’avis de M. Garan, on s’abstint, ce soir-là, de toute conjecture à l’endroit des disparitions, et l’on se borna à préparer l’expédition du lendemain vers le secret du Colombier.

Lorsque chacun s’en fut coucher, le grand espoir provoqué par la rescousse de chercheurs professionnels était déjà tombé. Tiburce s’était dévoilé le plus godiche des maniaques, et Garan, sous ses dehors de capitaine en bourgeois, venait de prouver une mentalité de sergent de ville. — Cependant, plusieurs personnes auguraient favorablement à une absence assez longue et restée mystérieuse qu’il avait faite avant le dîner, — au sujet de quoi, par discrétion, nul ne voulut l’interroger.

On devait partir au lever du soleil.

Quand il se montra, Garan piaffait déjà depuis une heure. Il fallut lui prêter un paletot, une canne et des