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Page:Renard - Le Vigneron dans sa vigne, 1914.djvu/218

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LE VIGNERON DANS LA VIGNE

— Dis franchement que je suis plate, Henriette.

— Non, Marie, mais je crois ta poitrine moins gênante que la mienne.

Il faudrait le prouver, Henriette.

— Il suffit de comparer, Marie.

Vite serrées l’une contre l’autre, coude à coude, toutes deux se gonflent et, d’un œil qui louche, cherchent de quel côté ça dépasse.

— Te rends-tu ? demande Henriette.

— D’abord tu portes des talons, dit Marie. Mais j’ai une idée : prends ton bol et viens.

Henriette docile suit Marie. Elles passent dans leur chambre et poussent le verrou de la porte.

On entend un bruit d’étoffe froissée, de bouton qui saute et roule et de lacet qui siffle. Longtemps elles chuchotent, sans rire, puis d’une voix nette :

— Regarde, dit Marie, je l’emplis jusqu’au bord.

— Moi je n’entre même pas, dit Henriette, il éclaterait.