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LE VIGNERON DANS SA VIGNE

— Mais pourquoi a-t-on supprimé cette garde de nuit ?

— Parce que ce n’est plus la mode.

— Et les fermiers dorment tranquilles ?

— Oui.

— Et les bœufs ?

— Ils se gardent seuls.

— Ils ne s’en portent pas plus mal ?

— Non. La mode aujourd’hui, c’est simplement de faire des visites aux bœufs qui ne travaillent pas et qu’on engraisse à l’herbage. Durant les dernières années de mon service, c’était ma besogne chez les fermiers Corneille. Chaque matin, à quatre heures, j’allais voir les bœufs dans les embauches. Je visitais une partie des prés avant la première soupe, je rentrais, je débarrassais au galop mon écuelle, et je visitais l’autre partie des prés avant midi. Je regardais les bœufs, pièce par pièce, pour m’assurer qu’aucun n’était malade, et je tâtais sur chacun les dépôts de la graisse.

— C’était une besogne fatigante ?

— Pas plus que les autres.