un magnifique mort, — un mort qui ne laisse aucun doute. Il suffit de l’apercevoir, et l’on dit à coup sûr : « C’est un mort ». Car cette grimace-là ne trompe point.
» Or, des grimaces, comédien que vous êtes, vous en ferez mille sur la scène, pour feindre d’avoir expiré ; et neuf cents fois vous exciterez l’hilarité du parterre, et cent fois vous ne prendrez qu’un masque lugubrement banal.
» Mais cela ! Admirez, Octave, admirez cette expression mortelle de terreur et de souffrance ! Voyez ce front douloureux, ces sourcils sublimes, la tristesse infinie de ce regard qui n’est plus un regard, et l’amertume de cette bouche tordue et muette à jamais. Est-il spectacle plus tragique, Octave ? Et quel modèle s’offre à nous aujourd’hui !… Eh bien, ne pleurez pas, ne vous retirez pas, diavolo ! Qu’attendez-vous pour prendre une dernière leçon de votre vieux maître Lafleur ? Allons donc ! Quand il aura sur lui six pieds de terre à l’écart, sa suprême grimace ne sera plus pour vous qu’un souvenir confus, impropre à vous servir. Ce n’est pas de mémoire qu’on travaille l’expression, Octave ; c’est d’après nature.
» Oh ! oh ! Quoi ? Vous avez peur, vous n’osez pas ? Qu’est-ce à dire ? Montrez-vous, palsambleu, digne de votre métier et de votre naissance ! Assez, monsieur, assez de simagrées ! Je suis votre père, dit-on. Or çà, j’ordonne.