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le carnaval du mystère

vestiges d’une beauté dont la finesse avait été le charme essentiel ; mais, sous son bonnet d’angleterre et dans les fourrures qui l’enveloppaient à mi-corps, elle paraissait centenaire et moribonde.

La paralytique leva sur moi des yeux troubles qui se souvenaient d’avoir été pervenche.

— Approchez, me dit Mme Lefreu. La princesse ne voit pas très clair.

Alors, d’une voix grêle et chevrotante, et matinale pour ainsi dire, on me souhaita la bienvenue. Puis j’entendis :

— Hé, Lefreu, sonnez les gens ! Et montons, je vous prie !

Deux laquais, chamarrés de galons à la Soubise, se placèrent dans les brancards du fauteuil et l’enlevèrent comme une plume.

Nous montâmes à leur suite un escalier babylonien. De hautes portes sculptées se dressaient à chaque étage. Il n’y en avait qu’une au dernier, centrale et simple.

Mme Lefreu, haletante de l’exercice et comprimant son cœur, mit une clef dans la serrure.

Le pêne rouillé grinça, puis la porte s’ouvrit toute grande, dans un nuage de poussière et un arrachement de toiles d’araignées. Et je vis qu’elle donnait au milieu de la Galerie. Un roulement de galopade se fit entendre, c’étaient des rats en fuite.

Je regardai avec avidité.