n’avais plus d’action matérielle, que pédestre. Vous comprenez que, dans un état pareil, je ne pouvais décemment sortir que la nuit… Et quand je suis rentré, si vous saviez ! Impossible de me coucher, quelque envie que j’en éprouvasse ! Car — c’était effrayant — mon corps eût traversé le lit, le plancher et tout, jusqu’à ce que mes bienheureux pieds l’eussent enfin retenu ! Mais comment alors, dans cette posture, comment me dégager, sans force, sans même de toucher tant soit peu efficace !… Ah ! l’étrange nuit, passée debout, dans l’oisiveté, transparent aux chocs, diaphane pour le tact, ainsi qu’un vrai fantôme ! Je tombais de fatigue et je n’avais pas le droit de m’asseoir !… D’après mes calculs — défectueux — la subtilité devait se prolonger dix heures. Jugez de mon angoisse pendant les six heures supplémentaires que sa possession m’infligea ! C’est à ce moment que vous vîntes me voir, Sambreuil. Je ne pouvais pas vous donner la main. Je n’avais pu ni m’habiller ni me débarbouiller convenablement. L’eau me traversait ! Mais il est juste d’ajouter que rien n’avait eu le
Page:Renard - Outremort et autres histoires singulières, Louis-Michaud, 1913.djvu/121
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
L’HOMME AU CORPS SUBTIL