— « Chanteraine ! » me dit-il, le verbe haut et l’accent résolu.
— « Eh bien ?… »
— « Il ne faut pas le dire aux hommes. »
— « Quoi donc, mon bon ami ? »
— « Que les hommes d’autrefois avaient des ailes… »
— « Hé ? »
— « Ce serait trop triste pour eux, voyez-vous… Il ne faut pas leur dire… J’ai beaucoup réfléchi depuis votre départ…
» Ainsi, Chanteraine, notre besoin de sillonner le ciel, notre immortel désir d’envolée, ce n’est donc pas un espoir, une poussée de la race dans le sens du meilleur et du plus beau ! Ce n’était qu’un regret indéfini… le regret des ailes perdues… le regret du paradis perdu ! — Est-ce cela que l’Ancien Testament veut symboliser par l’expulsion d’Adam et d’Ève ? Peut-être. Probablement. Ah ! croyez-le : tous les mythes des anciens ont une base dans la réalité de la préhistoire. Tour à tour, chaque héros y représente le genre humain. Prométhée n’est-il pas la conquête du feu ? La perte du vol n’est-elle pas aussi la chute