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LA GLOIRE DU COMACCHIO

les ténèbres pour satisfaire d’aussi piètres rancunes. Cupidité, jalousie, concupiscence, ah ! les nobles passions !… Mais le duc n’en a point d’autres, et chacun d’imiter le tyran… Alfonso da Este parangon de tout un duché ! Non, c’est impayable ! Ce fils de Française, ce petit-fils de notre adversaire Louis XII ; donc un barbare doublé d’un ennemi ! Sa grand’mère ? Lucrezia Borgia ! de sorte qu’il descend peut-être du pape Alexandre VI ou du cardinal Bembo, et qu’il est le fruit d’un inceste ou d’un adultère ! Après cela, comment ne serait-il pas lubrique, envieux, avare… »

Le Juif ricanait :

— « Qui sait même s’il vous aurait payé vos deux mille florins ? Il faut une maladie de Son Altesse pour que ses trésoriers acquittent les appointements. C’est un sacrifice qu’elle offre au ciel en échange de sa guérison ! »

— « Oui, qui sait ! » approuva Cesare, frondeur.

Il réfléchit, le temps de quelques enjambées plus impétueuses, et marquant un arrêt brusque :