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LA GLOIRE DU COMACCHIO

ses voiles de pâte, ses rames de vanille et sa cargaison d’aromates.

On s’assit dans les cathèdres altières.

— « Laissez une place à ma droite, pour Chiarina », dit Son Altesse. « Je prétends jouir d’un pareil trésor, et premièrement lui passer ce collier d’émeraudes. »

Ercole Torrigiani, l’écuyer, se mit à sa gauche.

— « Que votre statue est admirable, Messer Baccio, quel que soit le point de vue ! » dit l’éminentissime Pompeo Malatesta. « Voyez d’ici comme elle produit grand effet ! Dans l’aube rousse des torchères, ne jurerait-on pas qu’elle met à profit la solitude pour se mirer au bassin ? Mais le jet d’eau lui trouble son miroir, et la voilà comme Andromède au-dessus de l’onde océane qui n’est jamais spéculaire ! — Connaîtrons-nous ce soir Monna Chiarina, ou bien est-ce une feinte de votre part, et craignez-vous les entreprises d’Alfonso ? »

Bridone cessa de chanter. Les conversations bourdonnèrent…

Il s’y mêla bientôt une rumeur plus rauque