Page:Renard - Poil de Carotte, 1902.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
Poil de Carotte

— Tiens papa, dit Poil de Carotte empressé, à toi, maintenant.

Tandis que Poil de Carotte, se tenant droit, attend la réponse, M. Lepic lit la lettre une fois, deux fois, l’examine longuement, selon son habitude, fait « Ah ! ah ! » et la dépose sur la table.

Elle ne sert plus à rien, son effet entièrement produit. Elle appartient à tout le monde. Chacun peut voir, toucher. Sœur Ernestine et grand frère Félix la prennent à leur tour et y cherchent des fautes d’orthographe. Ici Poil de Carotte a dû changer de plume, on lit mieux. Ensuite ils la lui rendent.

Il la tourne et la retourne, sourit laidement, et semble demander :

— Qui en veut ?

Enfin il la resserre dans sa casquette.

On distribue les étrennes. Sœur Ernestine a une poupée aussi haute qu’elle, plus haute, et grand frère Félix une boîte de soldats en plomb prêts à se battre.

— Je t’ai réservé une surprise, dit madame Lepic à Poil de Carotte.