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le porte-plume

Monsieur Lepic

Tu étudieras mieux ta leçon.

Grand frère Félix

Ah ! je la sais d’avance, papa. C’est la même qu’hier.

Monsieur Lepic

Malgré tout, je préfère que vous rentriez. Je tâcherai de rester jusqu’à dimanche et nous nous rattraperons.

Ni la moue de grand frère Félix, ni le silence affecté de Poil de Carotte ne retardent les adieux et le moment est venu de se séparer.

Poil de Carotte l’attendait avec inquiétude.

— Je verrai, se dit-il, si j’aurai plus de succès ; si, oui ou non, il déplaît maintenant à mon père que je l’embrasse.

Et résolu, le regard droit, la bouche haute, il s’approche.

Mais M. Lepic, d’une main défensive, le tient encore à distance et lui dit :

— Tu finiras par me crever les yeux avec ton porte-plume sur ton oreille. Ne pourrais-