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les poux

proche la première. Chaque fois qu’elle rencontre Poil de Carotte, elle s’arrête, l’observe de ses petits yeux myopes et malins et, mouvant son bonnet noir, semble deviner des choses.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? dit-elle.

Poil de Carotte ne répond rien. Elle se penche sur la cuvette.

— C’est-il des lentilles ? Ma foi, je n’y vois plus clair. Mon garçon Pierre devrait bien m’acheter une paire de lunettes.

Du doigt, elle touche, comme afin de goûter. Décidément, elle ne comprend pas.

— Et toi, que fais-tu là, boudeur et les yeux troubles ? Je parie qu’on t’a grondé et mis en pénitence. Écoute, je ne suis pas ta grand’maman, mais je pense ce que je pense, et je te plains, mon pauvre petit, car j’imagine qu’ils te rendent la vie dure.

Poil de Carotte s’assure d’un coup d’œil que sa mère ne peut l’entendre, et il dit à la vieille Marie Nanette.

— Et après ? Est-ce que ça vous regarde ? Mêlez-vous donc de vos affaires et laissez-moi tranquille.