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Page:Renard - Poil de Carotte, 1902.djvu/259

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la première bécasse

amoureuses et tournoient au-dessus du bois frémissant.

Elles font pit, pit, pit, comme M. Lepic l’avait promis, mais si faiblement, que Poil de Carotte doute qu’elles viennent de son côté. Ses yeux se meuvent vivement. Il voit deux ombres passer sur sa tête, et la crosse du fusil contre son ventre, il tire au juger, en l’air.

Une des deux bécasses tombe, bec en avant, et l’écho disperse la détonation formidable aux quatre coins du bois.

Poil de Carotte ramasse la bécasse dont l’aile est cassée, l’agite glorieusement et respire l’odeur de la poudre.

Pyrame accourt, précédant M. Lepic, qui ne s’attarde ni ne se hâte plus que d’ordinaire.

— Il n’en reviendra pas, pense Poil de Carotte prêt aux éloges.

Mais M. Lepic écarte les branches, paraît, et dit d’une voix calme à son fils encore fumant :

— Pourquoi donc que tu ne les as pas tuées toutes les deux ?