Page:Renard - Poil de Carotte, 1902.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
Poil de Carotte

Parfois le pain sec semble dur. Alors Poil de Carotte se jette dessus, comme on attaque un ennemi, l’empoigne, lui donne des coups de dents, des coups de tête, le morcelle, et fait voler des éclats. Rangés autour de lui, ses parents le regardent avec curiosité.

Son estomac d’autruche digérerait des pierres, un vieux sou taché de vert-de-gris.

En résumé, il ne se montre point difficile à nourrir.

Il pèse sur le loquet de la porte. Elle est fermée.

— Je crois que nos parents n’y sont pas. Frappe du pied, toi, dit il.

Grand frère Félix, jurant le nom de Dieu, se précipite sur la lourde porte garnie de clous et la fait longtemps retentir. Puis tous deux, unissant leurs efforts, se meurtrissent en vain les épaules.

Poil de Carotte

Décidément, ils n’y sont pas.

Grand frère Félix

Mais où sont-ils ?