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Page:Renard - Sourires pincés, 1890.djvu/56

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que développement d’un éventail qui s’ouvre entre les doigts d’une dame nerveuse.

M. Repin apparut sur la route, le pas accéléré. Le jet de grains fut comme coupé, les clefs se turent, et les poules inquiètes se bousculèrent un instant, à cause de l’allure inaccoutumée de M. Repin.

— « Quoi donc ? » — demanda la fermière.

M. Repin répondit :

— « Gaillardon en prend une ! » —

— « Une poule ? » —

— « Fais-donc la niaise : une de nos filles. Il vient déjeuner dimanche. » —

Dès que ces demoiselles apprirent la nouvelle, Marie, la plus jeune, embrassa d’une façon turbulente sa grande sœur :

— « Tant mieux, mon Henriette, tant mieux ! » —

Elle était heureuse du bonheur de son aînée d’abord, et un peu pour elle, car M. Repin avait toujours dit, presque en chantonnant :

— « Quand deux filles sont à marier, c’est l’aînée qui va devant, la cadette suit derrière ! » —

Or, Henriette n’avançait pas vite, et Marie songeait que si elle ne se mettait pas en tête, on n’arriverait jamais, peut-être. On disait d’Henriette, au premier coup d’œil :