Page:Renard - Sourires pincés, 1890.djvu/59

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tractée, recomptait les couverts, haussait les épaules, et s’égarait dans ses calculs.

En attendant sa décision, tous, debout, l’estomac vide, tambourinaient des doigts sur le dossier de leur chaise, prêts à s’élancer, au moindre commandement, pour s’asseoir.

Enfin elle reprit :

— « Voyez-vous, j’ai peur à cause de la sauce ; un malheur peut arriver. Comment faire ? » —

Irrésolue et prise au dépourvu, elle consulta ces demoiselles, qui répondirent, l’une :

— « Oh ! ça m’est égal. » —

Et l’autre :

— « Oh ! ça m’est égal. » —

Non qu’elles fussent indifférentes, mais elles ignoraient les propos du grand monde.

Heureusement M. Repin prit la parole.

— « Tiens, femme, tu nous ennuies. En voilà, des manières. Asseyez-vous là, monsieur Gaillardon, à côté de moi ; et les autres, arrangez-vous. Après tout, vous êtes de la famille, et si vous n’en êtes pas, vous en serez. » —

Quel homme rond que M. Repin, rond comme la terre !