Page:Renard - Sourires pincés, 1890.djvu/82

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Le maître d’étude passa la visite des mains. Les élèves, sur deux rangs, offraient sans conviction d’abord le dos, puis la paume de leurs mains, en les retournant avec rapidité, et les remettaient aussitôt bien au chaud, dans les poches ou sous la tiédeur de l’édredon le plus proche. D’ordinaire, Violone s’abstenait scrupuleusement de les regarder. Cette fois, bien mal à propos, il trouva que celles de Véringue n’étaient pas très propres. Véringue, prié de les repasser sous le robinet, se révolta. On pouvait, à vrai dire, y remarquer une tache bleuâtre, mais il soutint que c’était un commencement d’engelure. On lui en voulait, sûrement. Violone dut le faire conduire chez M. le directeur.

Celui-ci, matinal, préparait, dans son cabinet vieux vert, un cours d’histoire qu’il faisait aux grands, à ses moments perdus. Écrasant sur le tapis de sa table le bout de ses gros doigts, il posait les principaux jalons : ici la chute de l’empire Romain ; au milieu la prise de Constantinople par les Turcs ; plus loin l’Histoire contemporaine, qui commence on ne sait où et n’en finit plus.

Il avait une ample robe de chambre dont les galons brodés cerclaient sa poitrine puissante, pareils