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Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/149

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JULES RENARD


O Mer, je ne pourrai jamais, comme je veux,

Dire à tes flots, en mots choisis, comme je t’aime !

Découragé comme un enfant qui fait un thème

Ou qui se désespère à compter des cheveux.


Chaque jour, ta marée emporte un de mes vœux.

Je fais au battement de ton cœur, mer énorme,

Le vœu de me mêler pour toujours à ta forme,

Pris par deux vagues comme entre des bras nerveux.


Songe, quelque beau soir, que, polie et sans voiles,

Tu doubleras en creux les multiples étoiles,

À m’appeler, et j’aurai hâte d'accourir,


Si loin que je me trouve égaré dans les terres,

Sur le plus transparent de tes flots solitaires,

Je viendrai m’installer à l'aise pour mourir.