Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/159

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Les Roses



Si deux cœurs me donnaient à faite un paradis

Pour abriter leurs amours closes,

Egrenant le printemps au-dessus de ses murs.

Comme on secoue un arbre où pendent des fruits mûrs

Je ne remplirais que de Roses,


De Roses pêle-mêle, en folle floraison,
Toujours fraîches, jamais cueillies,

De Roses qu’on dirait des reines en langueur,

Vibrantes d’incarnat, des parfums plein le cœur,

Belles Roses enorgueillies,


De Roses au profil coquettement brodé,
La taille dentelée et fine,

Toujours propres comme au sortir d’un bain vermeil,

Avec mignarderie effilant au soleil

Leurs plis légers de mousseline,


De Roses dont la tige enveloppe humblement

Sa nudité d’un peu de mousse,

De ces Roses qui n’ont jamais l’air de poser,

Si bien qu’on n’ose pas, de peur de les briser,

En respirer l’haleine douce,