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Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/162

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LES ROSES


Vous l'avez toute ouverte ainsi,

Souriante et sans rien me dire ;

Et, moi, qui me taisais aussi,

Je riais en vous voyant rire.


Mon rouge cœur fut mis à jour,

Rouge et pailleté de veinules,

Et nous nous mîmes tour à tour

A faire avec mon sang des bulles !


Elles gonflaient, montaient dans l’air,

Et par milliers, sans cesse écloses,

Comme s’il fût né de ma chair

Tout un essaim d’insectes roses,


Au ciel avec agilité

Elles voltigent, continues,

Comme un cortège,.. Est-ce l'été

Qui jette ses fleurs dans les nues ?


Les unes, dans l'éther vermeil,

Se pulvérisent, confondues,

Comme la poudre d’un soleil

Couchant qu’on briserait, perdues !


Et d’autres vont moins loin couvrir

Nonchalamment un pli de feuille.

Chacune à l’arbre qui l’accueille

Se pose comme pour mourir.


Un nuage a passé, sans doute,

Gros d’orage, et pendu sans bruit

Un collier de grêle qui luit

A chaque branche de la route.