Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/183

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trine de petites pressions brusques, comme si le drap du lit eût été tiré à coups secs par une main invisible.

Elle s’éveilla, dressa la tête, écouta, crut qu’elle s’était trompée et reposa sa tête sur l’oreiller. De nouveau, la même impression eut lieu. Cette fois, elle eut peur et donna des coups de poing dans la ruelle, sur l’édredon.

— Y a quelqu’un ; réveillez-vous !

Rien ne bougea.

— Mais réveillez-vous donc ! Je vous dis qu’y a quelqu’un.

Cependant on tiraillait encore le drap. Elle fit un effort pour secouer la paralysie de la peur qui commençait à la gagner et se laissa glisser au bas du lit. Elle sentit quelque chose qui se levait le long de ses jambes. Dans le mouvement qu’elle fit pour se soutenir, sa main rencontra le chandelier de fer. Elle le prit, le leva, énergique, sur sa tête, et l’abattit de toutes ses forces, à plusieurs reprises, tellement hors d’elle-même qu’elle n’entendit pas une voix sourde, la voix de la Collard, crier :

— Mais c’est moi ! Êtes-vous folle ? C’est moi.

Et, lourdement, un corps s’affaissa.

À tâtons, la Rollet trouva un bout de bougie cassée, l’alluma et vit la Collard étendue, le crâne ouvert ; un mince filet rouge serpentait dans les interstices des carreaux.

Comme dans les vrais crimes, l’horloge sonna minuit.



III


En ce moment, les deux hommes rentraient, un