Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/198

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elle, puis, des pieds, des mains, des genoux, elle grimpa, et disparut, la tête en avant.

Bernot tira l’échelle.

La paille retomba, docile, en couvercle ; ni vu, ni connu.

Tout un petit appartement en ville qu’ils s’étaient fait là, un vrai nid d’oiseaux qui n’ont pas le vertige, où vivotaient leurs amours, paisiblement, en attendant mieux, cois, saturés, à l’étouffée et sans risques. On rentrait comme chez soi par le flanc, on respirait par le haut ; une trouvaille miraculeuse, tout simplement ni plus, ni moins qu’un palais.

— T’es tout de même adroit, dit Marne Husson en s’installant : c’était sa réflexion d’entrée.

Elle commençait toujours par admirer : une façon heureuse de se mettre en goût.

Sans se lasser, Bernot faisait les honneurs. Il tournait, rampait sur la paille, à genoux, en maître. Il donnait amicalement des coups de coude à Mélie, puis à la meule, une brave amie aux rudes reins qui ne les trahirait pas.

Marne Husson appréciait les avantages, cherchait ses mots, se croyait en visite, examinait tout, un escalier pour de bon improvisé, la lucarne, les creux élargis, les coins obscurs pour s’y rouler.

Aucun bruit ne venait du dehors ; une lueur douce de veilleuse les éclairait. En levant la tête ils apercevaient un petit rond de ciel blanc comme du petit lait. “ Était-ce assez trouvé ! ”.

Et Bernot, ébouriffé, assis sur ses talons, ses mains frottant ses genoux, fermait presque ses petits yeux clignotants, modeste, attendant sa paye.

— Prends tes aises, Mélie.

— C’est égal Bernot : si Husson le savait…