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Le Retour


La soirée s’annonçait bien : un temps frais et clair. Toute la chaleur était tombée. Madame prit sa petite lanterne grillée : elle ne rentrerait que tard aujourd’hui, à la nuit, bien sûr.

C’était une mode, chez ces paisibles gens, de ne se désigner entre eux que par mots courts et simples qui disaient tout, dus à la plaisanterie, au respect, le plus souvent au hasard.

Les vrais noms, devenus inutiles, restaient oubliés. Ceux qui les portaient n’y pensaient plus. On ne s’en servait guère que dans les grandes occasions, et les sons de ces mots réapparus les étonnaient alors comme s’ils leur semblaient étrangers.

Elle, on l’appelait Madame. Elle ne portait ni chapeau, ni robe excentrique. Mais elle avait, dans son langage moelleux et légèrement fleuri, quelque chose qui sentait la ville et les voyages.

On ignorait à peu près sa vie. Elle était tombée au village comme une nouvelle inattendue. Aux