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Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/228

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Une Passionnette


I


Tous les rires, tous les cris tombèrent d’un coup, et les gens de la noce prirent des maintiens étudiés comme des paysans fraîchement descendus d’un tableau de Lhermitte.

Mme la Comtesse venait d’entrer ; elle avait une toilette habilement composée, assez riche pour honorer, assez simple pour ne pas effaroucher, et dans sa taille, dans son regard, encore un peu de noblesse, mais si peu que, vraiment, ces braves gens ne s’en offenseraient pas.

Elle s’avança dans la salle chaude d’émanations. Elle tenait par la main une petite fille qui ouvrait de grands yeux sans timidité.

Les paysans s’étaient levés. Le marié accourut ; d’un revers de main il s’essuya la bouche, et fit un compliment flatteur, mais point servile. Il présenta sa femme, une grosse veuve gênée dans son corsage. Son fils, petit garçon tout rouge et tout rond, se collait à elle, les yeux fixés sur la petite fille.