Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/253

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— J’aimerais les mésanges, disait Yvone.

— Cependant, les pinsons…

— Oui, mais le rouge-gorge…

— Le roitelet est doux.

— Le pic maçon est tendre.

— Je prendrai le bouvreuil et je te laisserai le gobe-mouche, dit Yvon avec esprit.

Yvone ne comprit pas ; elle faisait la revue des oiseaux et se décida :

— J’aurai beaucoup de fauvettes avec assez de moineaux et un peu de linottes.

Yvon, peu sérieux, voulait badiner.

Il la couronnait de traînasse, comme une mariée, lui fourrait des cétoines dans le cou, la tachait avec des mûres.

— Tiens, ton bonnet saigne du nez !

Mais elle n’était pas venue pour des jeux futiles.

— Cependant, à ton âge, un galant…

— J’y pensais ; que je t’y prenne, à deviser d’amour !

— J’en vaux un autre.

— T’es un beau gars ; mais j’vas te donner des coups de tape.

Par politique, Yvon, futé, s’en tint là.

Ils traversaient un chaume vallonné. Çà et là des flaques d’eau miroitaient au milieu des bosses de terre fraîchement remuées.

— C’est le cimetière des bêtes, dit Yvon.

Il était environné de vignes où un peu de brise se lamentait.

Yvone eut un frisson ; elle se rapprocha d’Yvon. Ils arrivaient au bois. La nuit s’annonçait douce et sereine.

— Il est trop tôt, dit Yvon.