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Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/256

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aériens, un concert diffus, tout le bruissement que ferait un immense sourire épandu.

Tout sortait du silence comme pour surprendre un mystère. Des souffles remuèrent les branches, les feuilles se soulevaient comme des paupières.

Les yeux s’ouvraient à des rais de lumière ; chaque oiseau, mal endormi, tendit la tête et regarda.

Sur une mousse grise, dans une pulvérulence lumineuse, Yvon et Yvone, côte à côte, dormaient, plus près encore, les doigts unis.

Yvon avait la tête appuyée entre deux branches, près du nid défait.

Yvone rêvait qu’enfouie dans un lac de plumes elle donnait à boire à Yvon, dans le creux de sa main, un peu de sang tiède de rossignol.

Par terre, entre les baguettes oubliées, la lanterne sourde veillait sur eux, comme une étoile descendue.