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JULES RENARD


— Non, non, où vous voudrez, vous. Moi, je vous dis, ça m’est égal.

Mme Repin, perplexe et la peau du front contractée, recomptait les couverts, haussait les épaules et s’égarait dans ses calculs.

En attendant sa décision, tous, debout, l'estomac vide, tambourinaient des doigts sur le dossier de leur chaise, prêts à s’élancer, au moindre commandement, pour s’asseoir.

Enfin elle reprit :

— Voyez-vous, j’ai peur à cause de la sauce ; un malheur peut arriver. Comment faire ?

Irrésolue et prise au dépourvu, elle consulta ces demoiselles, qui répondirent, l’une :

— Oh ! ça m’est égal.

Et l’autre :

— Oh ! ça m’est égal.

Non qu’elles fussent indifférentes, mais elles ignoraient les propos du grand monde.

Heureusement M. Repin prit la parole.

Tiens, femme, tu nous ennuies. En des manières. Asseyez-vous là, monsieur Gaillardon, à côté de moi ; et, les autres, arrangez-vous. Après tout, vous êtes de la famille, et, si vous n’en êtes pas, vous en serez.

Quel homme rond que M. Repin, rond comme la terre !

— A la bonne heure ! au moins, vous comprenez les affaires, dit M. Gaillardon.

Il allait s’asseoir, mais il n’avait pas encore eu l’occasion de poser son chapeau quelque part. Il chercha des yeux un clou pour le pendre. N’en découvrant pas, comme aucune de ces dames ne s’offrait pour le débarrasser en disant :