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SOURIRES PINCÉS


4

Quand une femme vous dit :

— Oh ! monsieur ! moi, je comprends tout ! Traduisez poliment : " Je suis une vieille folle, et, pour offrir des pantoufles à mon amant, j’économise sur les polichinelles de mes enfants et le tabac de mon mari."

5

Il est convenu que les poètes, les romanciers, tous les hommes d’art, ne travaillent que pour la femme. Ils ont grandement raison et se trouvent vite récompensés par la façon décisive et délicate à la fois, et savante, dont elles jugent l’œuvre écrite ou peinte.

Elles disent :

— Il y a des choses drôles.

Ou bien :

— C’est joliment troussé.

Ou bien encore :

— Est-ce assez chic !

Les plus sincères, les enthousiastes, celles dont l’admiration va sans détour à nos cœurs naïfs et vains, se tapent sur le genou avec force et disent :

— C’est épatant !

6

Je sais un jeune homme d’une grande prudence et d’une sévère méthode. A chaque fin d’amour, il prie sa dernière maîtresse de lui signer ce petit billet :

" Je reconnais que notre rupture s’est faite d’un consentement réciproque, conformément aux règles les plus droites de la galanterie, et avec une entière bonne foi de part et d’autre. "