Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/365

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Opinions et critiques


Même quand une œuvre est tout à fait exceptionnelle, il est bien difficile, vingt ans seulement après son apparition, de déterminer les causes réelles de son succès. A défaut de souvenirs de contemporains, la meilleure source d’information réside encore dans les journaux de l’époque. Nous ne pouvons mieux faire que de donner des extraits des principaux articles qui ont été consacrés à Jules Renard entre les années 1884 et 1891 où se produisent ses débuts littéraires.

Ses premiers pas ne lui valurent pas de nombreux saints.

Ce fut la Presse qui sous la signature de Camille Delaville dans son numéro du 27 octobre 1884 le signala au public en ces termes :

" A peine vingt ans et n’a encore pas publié le moindre volume (dont acte) ; c’est un jeune homme bizarre, point beau, blond à l'exagération, avec un crâne de mathématicien, des yeux enfoncés, une bouche malicieuse et un accent du Nord peu agréable.

Lorsqu’on le voit tout d’abord, on n’a pas envie de l’entendre, oh ! mais pas du tout ! Lorsqu’il a dit des vers, on lui tend les mains très ému, comme lorsqu’on a entendu un grand artiste.

Renard fait des vers réalises et en même temps jongle délicieusement avec les plus délicates images chères aux gens d’imagination ; il a fait " Une Petite Vieille ", vrai chef d’œuvre de naturalisme et " Un poème des roses qui joui mourir " digne d’un poète oriental.

Cet automne, les salons entr’ouverts voudraient tous avoir le nouveau poète ; mais il est très sauvge et se dérobe le plus possible au monde et à ses succès fort légers. Par le fait, Renard a beaucoup