Et ses larmes tombaient amères comme l’onde,
Et de sa lèvre, avec une plainte profonde,
S’échappait un morne secret.
Dépassant du cristal la sonorité triste,
Cette voix faisait peur ; mais le plus grand artiste
Voudrait en vain charmer autant ;
Et de retour au nid, le soir, la tourterelle
N’a point cette douceur grave et surnaturelle,
Rythme qui chante en sanglotant.
« Mon palais, disait-elle, abonde en belles choses.
Les tapis en sont d’algue et les murs de corail.
J’ai pour me promener un char de perles roses
Que traînent des dauphins à l’écailleux poitrail.
« Je suis par la beauté l’égale des déesses ;
Ma chair a les blancheurs de la neige et du lait,
Ma chevelure tombe en cascades épaisses,
Et du vert océan mes yeux ont le reflet.
« Un seul de mes regards dompte le plus farouche.
Il n’est d’être si fier, de roi si près des dieux
Qui, lorsque les accords s’envolent de ma bouche,
Ne se mît à mes pieds pour les écouter mieux.