Je pense au vide amer de toute volupté,
Comme par le réel le rêve est emporté,
Comme au cœur s’éteint toute flamme ;
Je pense aux faussetés, je pense aux trahisons,
Et comme le plaisir terrestre a des poisons
Qui flétrissent à jamais l’âme.
Le triple vêtement dont ton cœur est vêtu,
S’envolera — bonheur, espérance, vertu —
Au souffle glacial des choses ;
Les roses te plairont ; sur ton front tu voudras,
Au lieu des chastes lys, les mettre, et tu verras
Combien c’est du néant, les roses.
Pourquoi faut-il que rien ne puisse rester pur,
Que l’orage sans cesse obscurcisse l’azur,
Que sans cesse la bête fauve
Se tienne près du lac où la gazelle boit,
Que rien sans torturer et sans souffrir ne soit,
Que des chutes rien ne se sauve !
Qu’on ne puisse trouver d’infaillible soutien
Dans nul des cœurs mortels, pas même dans le sien,
Qu’on ne puisse jamais répondre