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Page:Renaud - Recueil intime, 1881.djvu/90

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RECUEIL INTIME

Au cœur ayant du sang et non pas une eau morte.
Vous avez bien agi. Vous pouviez à loisir,
Entre l’âpre idéal et le réel, choisir.
Les fleurs, pour vous séduire entr’ouvrant leurs calices,
Vous promettaient tout bas des plaisirs sans supplices.
La rosée emperlée à vos ailes luisait.
Le gazon s’étendait touffu ; le vent jasait.
Vous, pourtant, dédaigneux des bonheurs de la terre,
Laissant la plaine veuve et la fleur solitaire,
Vous êtes accourus où votre cœur était,
A la lumière d’or qui dans le ciel montait ;
Et là, vous épuisant aux tortures sublimes,
Vous avez succombé, bienheureuses victimes,
De votre illusion bercés jusqu’au trépas,
Une fois dans l’amour, n’en redescendant pas.