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Page:Renaud - Recueil intime, 1881.djvu/95

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AVENIR

Mais j’ai vu que chacun songeait à ses affaires,
Et qu’on n’écoutait plus la musique des sphères,
N’en ayant pas le temps ;

Que, loin de tous les miels que la terre distille,
Dans l’ombre, je devais m’exiler, inutile
Adorateur du beau,
Et que, si quelque fleur de pâle renommée
M’arrivait, cette fleur trop lentement formée
Serait pour mon tombeau.

Parfois des yeux d’ami, parfois des yeux de femme
Ont curieusement regardé dans mon âme ;
D’autres s’y pencheront.
Mais, parmi tous ces cœurs lancés dans le tumulte,
Lequel m’apercevrait terrassé par l’insulte,
Sans détourner le front ?

Oh ! je connais quelqu’un de fidèle et de tendre
Qui toujours m’a tendu, toujours viendra me tendre
Ses bras pour m’y presser,
Qui m’aime également glorieux ou sans palme,
Dont l’austère caresse, odeur pure, eau qui calme,
Pénètre sans blesser ;