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Page:Renee-Dunan-Galantes-reincarnations 1927.djvu/25

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j’en pâmais d’ivresse enchantée. Elle allait et venait, demi-nue, puis nue tout à fait.

Cependant, le souffle du mari se régularisait et sibilait un rien. Le sommeil, ma foi…

Alors, la femme silencieuse comme un revenant, alla ouvrir une porte et sortit dans le couloir voisin. J’entendis chuchoter. Un amant devait se trouver là. Quel bonheur ! Le type simiesque et squelettique était justement fait pour ressembler au zébu, animal cornard et comestible…

Cependant, on n’entendait plus rien derrière la porte. Ah ! si j’avais eu des jambes, avec quelle joie j’aurais couru offrir mes services aux amoureux. Or, juste comme je pensais à cela, la femme revint. Elle rampa jusqu’au lit, écouta son mari dormant et avec des précautions de chatte, me prit et m’emporta…

Je trouvai place alors sur un vaste canapé, où l’on me fit témoin des ébats les plus charmants. Je prenais contact, selon les circonstances, tantôt avec les épaules, tantôt avec les jarrets, tantôt avec le mitan de ma maîtresse, durant qu’elle l’était, avec variété, d’un amant certes dévoué et énergique. Ce fut une heure exquise, comme dit le poète.

… Hélas ! le malheur veillait sur moi. L’époux dut s’éveiller. Il constata l’absence de sa compagne et de l’oreiller, prit un revolver et accourut. Je le vis, en chemise, braquer son arme sur celle qui, en ce moment même étayait sur moi ses formes les plus charnues ; je me dévouai, me mis d’un effort désespéré, devant… et… je reçus la balle en pleine plume, en plein cœur…


vii


Lorsque je m’éveillai, une main dure me frottait à m’écorcher. Où étais-je ? Il me fallut cinq minutes