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Page:Renee-Dunan-Galantes-reincarnations 1927.djvu/50

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— D’abord, êtes-vous gentilhomme ? demanda-t-elle.

— Non, Madame, je suis laquais, mais il ne dépend que de vous de m’anoblir.

— Laissez-moi en ce cas, car il faut éviter les forlignages, et je vais, avant d’aller plus avant, vous faire écuyer.

L’homme se recula. La reine d’Astrakanie, en manière de trône, vint s’asseoir sur moi, bidet devenu figure et synthèse même du pouvoir.

Le personnage se mit à genoux devant la souveraine et reçut l’investiture.

Lorsque tout fut accompli, le nouvel écuyer voulut prouver qu’il était digne de sa récente noblesse et s’élança à nouveau vers la reine Clytoria. Mais celle-ci le repoussa.

— D’abord, Monsieur, il vous faut être introduit devant moi par la marquise de Javal-Menthul, première dame du palais.

Ainsi l’accepta l’anobli, qui sentait l’obligation de respecter dorénavant les formes et traditions.

De son bidet, je veux dire assise commodément sur moi, Sa Majesté contemplait le spectacle. La marquise, sonnée, était accourue. Elle présenta donc l’écuyer suivant un antique protocole, et à la satisfaction de tout le monde.

Ensuite, la conversation avec la reine fut des plus passionnées, et, bientôt, le chevalier fut promu baron…

Ainsi, ai-je été le témoin et le siège d’un anoblissement inattendu. Le nouvel écuyer devait d’ailleurs devenir glorieux sous le titre de baron du Bidet.

FIN