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à la file, puis côte à côte. Bientôt, dans une petite rue, elle s’arrête. La pluie tombe maintenant.

— Colle-toi dans le renfoncement, et attends sans bouger.

Elle le quitte.

Lorsqu’elle reparaît, en cinq secondes, d’un coup de quelque objet inconnu, elle tire le cordon de la porte. Tous deux ont des chaussons. Ils entrent…

Elle referme délicatement, passe devant Sirup qui la suit à l’odeur, car elle sent la rose violemment et voluptueusement.

En passant devant la loge, ils entendent deux ronflements jumeaux.

Voici l’escalier, suivi jusqu’au quatrième. Sirup ne sait plus où il en est. Cette puissante et aphrodisiaque parfumerie qu’il respire, cette mutité, ces armes qui pèsent dans ses poches, tout lui fait l’effet d’une sorte de film sans conséquences et pourtant aussi redoutable qu’excitant.

À une porte, Mary Racka, armée d’une petite lampe à verre bleu se penche, travaille, sonde, tire. On entend imperceptiblement des aciers qui bougent.

La porte est ouverte. Elle entre. Sirup suit. Une seconde porte est attaquée et livre ses secrets dans le silence. Ensuite, on se trouve dans une chambre à l’air lourd et chaud.

L’habile voleuse prend Sirup par le bras et le mène à un lit. L’obscurité est totale. Elle lui dit très bas :

— Je vais opérer. Guette soigneusement, et si elle se réveille, tu la prends à la gorge et tu serres…

Il ne répond rien, mais un froid de glace coule sur son dos, et il se sent une envie atroce de fuir à toutes jambes, de fuir…

Deux minutes passent. Mary fouille partout. Sirup entend ses pas furtifs et les tiroirs qui s’ouvrent en craquant. De temps à autre, un peu de lumière vient d’elle sur le lit. Et soudain le malheureux sent ses cheveux qui se hérissent sur