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Page:Renee-Dunan-Le-petit-passionne 1926.djvu/22

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macchabée voisin fût son œuvre, et peut-on dire, au sens que donnaient à ce mot les vieilles corporations, son chef-d’œuvre, il n’en était pas plus flatté que ça. S’en aller, pensait-il, serait beaucoup plus agréable que rester. Et il regarda sournoisement vers la porte. La femme s’était habillée, c’est-à-dire qu’elle venait de chausser des babouches. Mais, afin de faire jouer le fameux système social des compensations, elle avait quitté sa petite chemise. Sirup admira, quoi qu’il en eût, le sort, le destin, favorable vraiment, qui le menait toujours aux bras et aux jambes d’une jolie femme. Celle-ci avait, dans sa maturité, une grâce plus émouvante. Ce corps plein et bulbeux, où les courbes de la féminité avaient de l’ampleur et de la force, sans que d’ailleurs les chairs tombassent encore, cette forme humaine si solidement étoffée de peau ferme, lisse et blanche, était tout de même une bien belle chose. Mais s’en aller, aussi…

À ce moment, la femme, en se prenant les seins comme si elle cueillait des pêches mûres et délicates, murmura avec un air amoureux :

— Tu voudrais t’en aller, mon chéri ?

— Heu ! répondit sans fermeté Sirup.

— Eh bien ! gros loup, rien de plus facile. On va sortir l’autre du lit, de mon lit, je t’aiderai à le charger…

— Le charger ?… dit avec épouvante le pauvre Sirup.

— Dame ! tu ne crois pas que je vais garder cette charogne pour en faire des pieds de porc et des entrecôtes premières. Tu l’as occis, je t’en remercie. Je vais te donner un billet de mille pour le boulot bien fait, ensuite tu prendras l’objet sur ton dos et tu l’emporteras.

— Je l’emporterai, répéta Sirup terrifié.

— Bien sûr ! Je t’en fais cadeau.

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