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Page:Renee-Dunan-Le-petit-passionne 1926.djvu/42

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Mais Margot connaissait dans l’hôtel une grosse dondon chauve qui laissait traîner des perruques sur ses meubles. Elle découvrit donc là ce qu’il fallait et Sirup put se contempler dans une psyché, armé de pied en cap, si séduisant en vérité qu’il se sentait du goût pour lui-même.

À onze heures du soir, nanti de conseils bien serinés par Margot et renseigné exactement sur ce qu’il devait faire, il sortit. Sa maîtresse l’embrassa amoureusement et, un peu ému, il commença, en faisant, pour s’entraîner, des effets inutiles de croupe, à descendre l’escalier de service…

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Le double Travesti


On ne saurait croire sans expérience combien sont ténébreux les escaliers de service du Chitterling’s Hotel, qui, pour ses clients, ne regarde pourtant pas à la lumière ! Ainsi songeait James-Athanase Sirup, descendant marche à marche dans une spire obscure et infinie. Un petit frisselis de jupe l’accompagnait, du plus galant effet, pourtant, mais dont aucun amateur de déhanchements féminins n’était présent pour en admirer l’harmonie. Et, de palier en palier, après trois pas à plat, la descente recommençait sans cesse, pareille à une hallucination…

Notre héros, cependant, dans sa solitude escalière, commençait de sentir une étrange félicité. Un voyage, pensait-il, aussi heureusement commencé, malgré les ténèbres, ne peut que bien finir. Le rez-de-chaussée devait être proche. Il faudrait là épouser un couloir de vingt-cinq pas, à gauche, tourner dans une cour ensuite, puis reprendre l’allée étiquetée G (mais verrait-il la lettre annonciatrice ?), embouquer enfin le vestibule du service où veillaient deux cerbères,