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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/149

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ENTRE DEUX CARESSES

reprit la maîtrise de son cerveau. Il sentit alors une colère énorme se lever en lui comme un orage.

Il jeta la lettre à terre du même geste que si c’eut été un objet qu’on brise. Puis tandis qu’elle oscillait en se posant au tapis, il l’arrêta d’un coup de talon. Ensuite, il se mit à marcher : cinq pas et il fut au mur. Il y avait là une idole chinoise, de bois rouge sculpté, placée sur un petit cabinet laqué. D’un poing violent il frappa le dieu qui sauta et vint tomber plus loin.

Il revint en arrière. À sa droite il frôla une table Louis XV à pieds galbés, en forme de cœur. C’était un coffret à bijoux. D’un poing brutal il heurta le plat, où figurait une petite scène champêtre, une copie de Watteau.

Bien construite, la table ne sonna même pas. Ce fut pour Georges Mexme une sorte de défi. Il empoigna le meuble par les pieds et tenta de les écarter comme si c’eut été une femme à violer. Il savait que Jeanne aimait cette table élégante, et il se vengeait.

Mais les ébénistes du XVIIIe siècle savaient assembler les bois par d’invincibles queues d’arondes. La table résista, comme un être de solide volonté et qui ne s’abandonne point.

Humilié, Georges s’en alla. Une idée lui venait de la sottise où se réalisait sa vaine colère.

. . . . . . . . . .

Revenu dans son cabinet, il s’assit avec un sentiment confus de vacuité dans le cœur. Il voulait