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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/181

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ENTRE DEUX CARESSES

lait, à tout prix et par tous sacrifices, s’évader enfin. Maintenant il fallait, sans cartes et sans boussole, parvenir au Maroni dans un secteur sis entre le 54e degré de longitude d’une part et les 4e ou 5e degrés de latitude nord d’autre part. Là était la liberté. Les deux évadés devaient se trouver présentement à la pointe nord de cet arc.

Mexme exposa à son compagnon la situation exacte. Il exagérait toutefois les distances, car il craignait que l’autre fût prompt à se décourager.

Sa confiance était désormais entière. Au début il se sentait à la merci d’un flair de chien, d’un hasard, d’une balle expédiée de très loin. Que valent volonté et vigueur, intelligence et calcul, devant une arme à répétition portant juste et dont le possesseur est doué d’adresse ? Or, le risque de la balle envoyée sans avertissement par un des nombreux surveillants qui errent autour du Camp des Serpents se trouvait sans doute disparu. Mexme reprenait sa destinée en charge. Il gagnerait la côte de la Guyane hollandaise, s’embarquerait pour un port quelconque du Venezuela, de Costa Rica ou du Mexique et serait libre alors, en la plénitude de ce mot.

Ensuite il lutterait d’homme à homme et il se sentait doué pour ce combat-là. Tous les métiers lui seraient bons. Il gagnerait de l’or. Il lui faudrait en gagner.

Après cela, ce serait le retour en France, avec quelque nouveau nom bien choisi et de résonance rastaquouère…