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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/185

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ENTRE DEUX CARESSES

Dans cette cage est Mexme, l’ex-banquier et Directeur des Pétroles Narbonnais, condamné pour l’assassinat du Premier Secrétaire de l’Ambassade anglaise, celui qu’on soupçonne d’avoir tué et dépecé aussi sa propre femme.

Le lourd carton de « L’illustration » s’abattit sur la tasse de café mi-pleine qui se brisa. Le liquide brûlant coulait sur la robe de Jeanne, lui brûlant les jambes sans qu’elle s’en aperçut.

Trois minutes elle resta immobile, le corps pris dans un étau qui lui broyait les côtes. Elle avait la sensation d’être partagée, dilacérée, émiettée en mille parties toujours vivantes, et qui souffraient toutes comme un être entier. Ses membres lui semblaient soudain devenus autonomes et sa tête ne devait plus faire partie de son corps.

Cinq minutes passent. Elle se force à relire la légende de « L’illustration ». C’est bien vrai. Son mari en son absence a été condamné. Il vient de partir avec les forçats. Jeanne tente de reprendre pied dans sa propre pensée. Le garçon du restaurant surveille attentivement cette femme à l’air égaré qui n’a peut-être pas d’argent pour le payer…

Jeanne Mexme s’en va au hasard. Quoi donc ? Elle est désormais la femme d’un bagnard, elle n’a plus sans doute de domicile. La voilà devenue une aventurière… une…

. . . . . . . . . .

Pourtant il faut reprendre force et courage. Il