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ENTRE DEUX CARESSES


CHAPITRE IV

UN HOMME

Mexme a parcouru maintenant tout le Centre Amérique. Les petits États de ce terroir étroit et polychrome le connaissent familièrement. Guatemala, Nicaragua et Honduras l’ont surtout requis par certaines libertés précieuses à un forçat évadé. À dire vrai, le danger aussi l’attira. Là où il abonde, la force et le sang-froid classent les hommes.

Il a coupé la canne à sucre, gardé les cochons, remué le fumier, cueilli les bananes. Il a été cocher, chiffonnier et comptable. Rien n’a pu le rebuter et il attendit toujours « sa chance » avec le même espoir. La fortune pourtant le délaissa jusqu’au jour où il mit le pied sur la terre mexicaine. Il était ce jour-là occupé à débarquer des futailles vides à Campéche. Or, un nègre, célèbre dans tout le Yucatan pour sa force, le bouscula soudain en riant.

Le Français de grand labeur est là-bas assez rare. Nos compatriotes y exercent surtout des métiers peu estimables, ou alors purement représentatifs.

C’est dire qu’incapable de s’étayer d’un groupe, l’homme qui ne doit compter que sur soi, s’il flanche, est méprisé. Des cris de gaîté accueillirent l’air sot de Mexme. Il avait failli tomber. Lui