Aller au contenu

Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
ENTRE DEUX CARESSES

Blanc-Simplaud, grave et sombre, très ministériel, faisait asseoir Jeanne Mexme près de lui.

— Cela va autrement, ma chère ?

— Mais oui !

— Vous me semblez amaigrie, Jeanne ?

— Le plaisir, mon cher Ministre, le plaisir…, et peut-être aussi les plaisirs.

— Vous m’étonnez beaucoup…

— Tant que cela… Et en quoi donc ?

— Je ne voudrais pas remuer des souvenirs tristes, mais enfin, il faut le dire : Je croyais que vous aimiez ce pauvre Georges…

— Qui vous dit…

— Vous ne pourriez pas vivre de cette façon délirante et… j’oserai le dire : voluptueuse, dont parle tout Paris…

— Ah, vraiment, Blanc-Simplaud… Vous êtes magnifique… Vous êtes grand comme le monde ! Le ministre qui expédia un innocent à la Guyane, a-t-il, pour si peu, perdu le sommeil ?

— Son cas n’est pas le vôtre, Jeanne.

— Que faites-vous, vous-même, pour Georges, dites, vous son ami et son commensal ?

— Moi… Je…

— Oui, n’est-ce pas, c’est à la femme de porter toutes les croix. L’homme, lui, se contente de porter des toasts…

— Vous êtes méchante, Jeanne. Enfin, je vous le dis simplement, je ne trouve pas votre vie… digne. Vous eussiez pu… et dû…

— Travailler dans un ouvroir, et rapetasser les