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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/239

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ENTRE DEUX CARESSES

sade. Mexme était agile il tâta les résistances puis s’enleva prestement et passa comme une ombre de l’autre côté. Alors il se connut au bord d’une route large. Paris jetait au nord une lueur roussâtre vers le ciel.

Mexme se mit en marche. Il avait descendu du convoi à une heure du matin. Au jour il ferait son entrée dans la Cité.

Bientôt il vit autour de lui des voitures de maraîchers et des laitiers. L’aube se levait, sombre et triste, quand survint un tombereau chargé de caissettes. Au sommet un homme somnolait qui l’appela :

— Hé, camarade, tu vas à Paris ? Si tu veux grimper à côté de moi.

Mexme fit signe qu’oui. D’un bond il empoigna le frêle édifice et se rétablit, comme un gymnaste, près du paysan.

— Diable, dit l’autre, tu fais des tours dans les foires ?

— Oui, dit Mexme.

— Certes ; tu gagnes bien ton pognon. Je n’ai jamais vu sauter comme ça.

— Que veux-tu, reprit Mexme, mon métier est celui où il est le plus difficile de voler les clients.

Son compagnon se mit à rire et lui offrit un verre de vin. La bouteille était là et Mexme but : du vin de France… Jamais l’ancien banquier n’avait imaginé que la vinasse ouvrière fût un nectar aussi délicieux.